mercredi 1 décembre 2010

Spoon @ Elysée Montmartre, Paris (15/11/2010)

Premier (vrai) post de ce blog. Compte-rendu du concert de Spoon à Paris, le 15 novembre. Article publié sur le site de la revue Magic.

Spoon de passage en France ? On patientait depuis 2005 et leur concert au Zénith de Paris avec Interpol. Cinq ans que les quatre membres originaires d’Austin n’avaient pas foulé les scènes nationales, malgré trois albums sortis depuis. C’est dire si ce concert à l'Élysée Montmartre était attendu, avec en prime un Transference à défendre, septième livraison sortie en janvier. Et une tournée démarrée en début d’année aux States, avec un été à jouer aux côtés d’Arcade Fire. Mais à concert attendu, résultat convenu.

"Was someone here the last time we played in Paris?", lance amusé Britt Daniel, leader de la formation. Dans la salle, personne ne bronche, mais les fans sont là. Venus de loin, pour certains. Quatre Américains, la vingtaine à peine, squattent le premier rang. "We are from Washington DC", lance une fillette joufflue à l’accent prononcé. Avant l’entrée sur scène des quatre Texans, le quintette Eldia présentait le rock français chanté en anglais sous un beau jour, empruntant autant à Liars qu’à Foals, en passant par Sonic Youth. Apparaît ensuite sous une lumière rougeâtre, le chanteur élégiaque Britt Daniel. Il s’avance guitare sous la main, pour entonner seul une ballade inattendue franchement pas désagréable. Rejoint par ses trois acolytes, le groupe démarre en force avec The Underdog, tiré de leur gargantuesque album Ga Ga Ga Ga Ga (2007). Malgré une ligne de synthé atrocement moche et criarde, venue remplacer les cuivres de la version album, le groupe convainc et la foule s’emporte. Et puis ? Plus rien, ou presque. Pendant près d’une heure, Spoon enchaîne les titres à une vitesse effarante. Sans vie ni rage.


Les morceaux de Transference peinent à briller, tant le rythme est morne, les musiciens se contentant de répéter inlassablement les mêmes bases rythmiques. Terne et fâcheux. A l’image de Written In Reverse ou The Mystery Zone. Spoon zappe le meilleur titre de Transference : I Saw A Light. Un risque fou. Le seul de la soirée. Le concert sombre alors dans des moments blafards et peu inspirés. Seule la psychédélique The Ghost Of You Lingers, emmenée par ses accords plaqués au clavier et la voix bidouillée et sublime de Daniel, sort du lot, enjoue et illumine. La palme de l’ennui est attribuée à Rob Pope. Au jeu et à l’expression neurasthéniques du début à la fin, le bassiste est doté d’un anti-charisme déconcertant, proche de celui d’un cactus du Nevada mourant en pleine sécheresse. Et puis soudain, Spoon retrouve des couleurs et sa verve si particulière. Le déclic ? L’enflammé et hyper-efficace Don’t Make Me A Target, tube en puissance. Spoon atteint enfin sa cible et séduit. Le quatuor se lâche, se fait plus rêche. Rhthm & Soul, You Got Yr. Cherry Bomb éclaboussent d’aisance et de grâce : Spoon revient aux fondamentaux, démontrant s’il le fallait la supériorité intrinsèque et mélodique de Ga Ga Ga Ga Ga sur leur dernier opus. Rageant tout de même que pendant les soixante premières minutes du show, Spoon y soit allé avec le dos de la cuillère, laissant le spectateur sur sa faim. 

5.5/10

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