vendredi 10 août 2012

Mermonte - Mermonte (2012)



Bertrand Renaudin. Tiens, et pourquoi pas Bruno Chevignon ? Oui mais tout de même, Daniel Humair quoi. Ce sera finalement Mermonte, à l'honneur d'un autre musicien jazz, Gustave Mermonte, si confidentiel qu'on pourrait croire qu'il n'a jamais existé. Choisir un nom de groupe peut sembler anodin. Ca l'est un peu moins lorsqu'il y a dix têtes dans le groupe. Ca devient carrément improbable lorsqu'il colle si bien et si naturellement à la musique qui y est accolée. Ghislain Fracapane (aussi guitariste de Fago.Sepia) et ses neuf compères relèvent brillamment le défi. Décrire ce moment suspendu où la mer lointaine frôle subitement les galets près de nos pieds, où la vague s'échappe de son corps-mère pour se lancer dans une danse de toute beauté. Mermonte, ce premier disque et ses fugaces vingt-cinq minutes à peine, serait cette photographie qui capte l'instant d'avant. L'album est court, mais chaque seconde, chaque temps a rarement semblé aussi limpide et précieux. Sans provoquer de tornade émotionnelle ou rythmique, Fracapane et les siens préfèrent s'intéresser aux légers mouvements du sable trépassé par la vague fraîche. Les instruments et les harmonies vocales collent tellement bien au paysage qu'il est tentant de se laisser emporter. Que dire du renversant jeu de guitares soudainement rompu par des lueurs chorales pour retrouver une rythmique entraînante sur la superbe David Le Merle ? Chaque musicien parfaitement à sa place, déverse une mélodie cristalline et mélancolique sans empiéter sur celle des autres. De là une sensation de légèreté et d'harmonie stupéfiante. Que ces accords frottés sont beaux sur l’innocente Acoustique, interlude qui nous ferait presque pleurer Elliott Smith une énième fois. Le collectif rennais bâtit, avec peu de moyens mais une grâce insondable, une pop exquise, équilibrée et aérienne, dont le titre Eté et ses violons élancés constitue un sommet. Cette pop se fait même plus frontale sur Oups, batterie et guitares déployées. Mermonte est un disque d'une remarquable aisance, vif et pressé, et guide délicatement notre balade insouciante et rêveuse sur une plage de Bretagne. Entre Théven et Meneham, un doux soir d'été.

8.5/10

(Les Disques Normal/Believe)

A écouter en intégralité sur le Bandcamp du groupe .

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