dimanche 18 novembre 2012

Poor Moon - Poor Moon



Pauvre homme, tu n'es pas à plaindre. La belle Lune, riche et extatique, t'observe. Si les humains et la musique te fuient, elle, suivra toujours tes pas et t'éclairera dans tes ténèbres nocturnes et somnambules. C'est la voie qu'ont dû suivre Christian Wargo, Casey Wescott et les frères Ian et Peter Murray tant cet inaugural album rayonne de mélancolie bienheureuse. Piloté par Jared Hankins et Bernie Grundman (Michael Jackson, Queen, Prince), la galette rappelle tout le monde et personne à la fois. Les deux leaders sont d'ailleurs membres de (feu ?) Fleet Foxes, chauds et réconfortants cousins de Seattle. Et cela s'entend. Le tout premier paysage à s'offrir à nous est Clouds Below, jolie et doucereuse comptine folk et chorale. Le ton brumeux est donné : le ciel est couvert mais le coeur musical est plein de générosité. Très proche d'Andrew Bird le ténébreux (jusqu'aux sifflotements), Poor Moon se dandine comme une étoile, tout en délicatesse. Dandy sur la printanière Holiday, Wargo dit coucou à Pete Doherty en dressant ses ailes auprès de la concurrence, tandis que Same Way, qui démarre par un piano brinquebalant et se nappe dans une solide ambiance, évoque sans doute aucun leur groupe originel, Fleet Foxes. Mais il faut rentrer à présent, car l'incroyable Come Home nous cloue définitivement sur place avec ses voix décuplées et sa guitare sèche enchanteresse, avant que la batterie ne s'emballe pour une balade primesautière, vive et spontanée. Tout en restant dans un registre folk orchestral qui lui sied bien, la formation touche à tellement de genres et d'influences que ça en devient tourbillonnant. Et désopilant. Des écoutes répétées créent une certaine torpeur. Mais de grâce, que c'est léger et beau, parfois digne du Michigan de Sufjan Stevens, réécrit par Wargo et les siens, vue du ciel. Car les paroles, d'une cohérence absolue, racontent une histoire de déchirement, d'amour et d'espoir. Sans fard ni cliché outrecuidant.“Il y a bien souvent un paradoxe entre la façon dont une chanson résonne et ce dont elle parle en réalité", explique Ian Murray. Poor Moon se frotte à des artistes, des planètes plus imposantes que lui. Exquis, pas lisse d'un iota. Il manque seulement un brin de c(a)ra(c)tère. Le corpus sonore demeure excellent, fin et méticuleux. Bats-toi contre les astres, la Lune sera toujours de ton côté de l'hémisphère. Et, entre nous, tu n'es vraiment pas à plaindre pour un splendide premier effort. Toi non plus, ici ou là que tu te trouves, auditeur de mon coeur.

8/10

(Bella Union/Cooperative Music)


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