mardi 5 mars 2013

Ellen Allien - LISm


Petit avertissement avant de se plonger dans l'exercice : prévoir une bonne dose d'abnégation et de patience avant de considérer l'effort de l'écoute comme accompli. Pour son septième disque, trois ans après Dust, la déesse de l'électro n'a pas fait dans le confort ni dans la facilité. Toujours en avance sur la concurrence, Ellen Allien a cependant jeté un oeil au rétroviseur avant de lâcher les freins. Le 7 mars 2011, la Berlinoise signait la bande son du spectacle de danse Drama Per Musica, chorégraphié par Alexandre Roccoli et Séverine Rième au Centre Pompidou de Paris. De longs mois plus tard, elle décide de ressortir les dossiers pour retravailler ses pièces : réduire certains passages pour en créer d'autres à base de guitares, de cordes, le tout produit avec ses acolytes Thomas Muller et Bruno Pronsato. Ainsi naît LISm et ses quarante-cinq minutes d'expérimentations sans concession posées sur... une seule piste. R.I.P le mode shuffle et les albums écoutés à la hache. James Murphy nous avait déjà fait le coup en 2007 avec l'EP portant le nom de la durée de la pièce introductive : 45:33. Le tout à la demande de Nike, qui avait sollicité LCD Soundsystem pour composer une playlist accompagnant les adeptes de la marque lors de leur footing. Courir avec LISm dans les oreilles se révèlera plus hasardeux, tant cette musique d'alien n'a jamais paru aussi anxiogène et les « Falling » scandés lors des dix premières minutes n'appellent pas à garder les pieds sur terre. Réussi et attentif, ce premier mouvement, bercé par une guitare lancinante et légèrement réverbée, appelle à la fuite et à l'accalmie. Puis l'ADN de la maman du label BPitch Control resurgit avec des sonorités plus robotiques et sombres, en passant par une nébuleuse technoïde entêtante. Il n'y a pas de formule ni de code d'entrée pour apprécier LISm à sa juste valeur. Malgré une complexité d'approche évidente, la liberté avec laquelle Allien avance doit servir de précepte à l'interprétation de l'oeuvre. C'est à la fois la force et la limite de ce type de prouesse : laisser discourir ses envies créatrices au risque d'user un langage auto-satisfait et intransmissible. Mais nul besoin d'avoir tout compris pour saluer le génie. 

8/10

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