mercredi 10 avril 2013

Arman Méliès - AM IV


Si son précédent disque portait le doux nom de Casino (2008), c'est bel et bien avec ce nouvel album qu' Arman Méliès joue cartes sur table. Où était-il pendant tout ce temps ? Partout. Il a d'abord assuré la co-production de titres pour le dernier album d'Alain Bashung (Bleu Pétrole, 2008), qui l'avait accompagné le temps d'un duo, Ivres, sur Les Tortures Volontaires (2006). Méliès a ensuite été guitariste et compagnon de scène aux côtés de Julien Doré, compositeur pour Hubert-Félix Thiéfaine pour ensuite reprendre le titre Le Commerce de l'eau de Dominique A. Ces collaborations suffisent à retracer la parenté artistique de l'artiste, Jan Fiévé de son vrai nom. Et pourtant, AM IV désarçonne à plus d'un titre. Dans cette photographie publiée sur son site internet en mai 2012 où il pose aux côtés d'une hache de bûcheron, il fallait y voir un signe de remontrance, une coupure du cordon qui le liait jusqu'ici à ses acolytes de folk mélancolique dont son grandiose Les Tortures Volontaires reste un ardent testament. Est dévoilée dans la foulée la narquoise Mes Chers Amis : Arman Méliès reprend le discours d'investiture de Nicolas Sarkozy scandé en 2007 en y accolant des arpèges tourbillonnants au synthé. Des synthés omniprésents sur tout le disque, au sacrifice d'une guitare plus en sourdine dans les sonorités. Pour la composition, Méliès a récupéré un vieux Yamaha rudimentaire pour ne plus le lâcher. Sa gratte a dû faire salement la gueule. Mais le chant conserve cette saveur mélancolique précieuse qui compose avec des lignes synthétiques élancées très réussies (Pompéi ou Des Vitrines). Sur Silvaplana, longue chevauchée de dix minutes, on est bercés par une langoureuse et poignante mélodie avant que le titre dévie de façon improbable sur une escapade technoïde galopante. Tournant pour l'avenir ou virage momentané ? Si la prise de risque est salutaire, Méliès s'est un peu trop pris au jeu dans cette volonté de renouvellement pour en ressortir vraiment gagnant. Comme sur Rose Poussière ou Dans la Cendrée, hommages trop appuyés à Daho ou Jacno, où il arbore un profil new wave qui ne lui sied pas. Ce qu'il gagne en panache, Arman Méliès y perd en grâce. 

5.5/10

(At(h)ome/Wagram)


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