jeudi 15 mai 2014

Wye Oak - Shriek (2014)



Quel parcours ! Depuis la production de leur originel If Children (2007) juste après avoir abandonné leur patronyme Monarch, il n’y a guère que l’ADN de ses membres qui soit resté intact chez Wye Oak. Shriek, quatrième pierre à l’édifice - et pas des moindres, vient d’ores et déjà fortifier les solides fondations sur lequel reposait le talent du duo américain. Ledit talent s’est mû en prestidigitation, tant Andy Stack et Jenn Wasner transforment l’arc de bois dont ils disposent en arbalète. Officiant désormais chez le vénérable label City Slang, le groupe de Baltimore fait tout mieux qu’avant. Et Before en ouverture est là pour nous en convaincre : ligne synthétique brodée de coton, voix vaporeuse et rongée par la mélancolie, le titre est d’une précision dans les arrangements et dans la profusion de beauté assez bouleversante. La perfection rythmique du morceau suivant, Shriek, et ses apocopes vocales, provoquent un haut-le-coeur. Va-t-on pouvoir survivre à pareille démonstration ? Tout aussi rêveur que sexy (la languide The Tower) et résolument 2014, on nage ici le dos crawlé entre des nappes d’électronica (Sick Talk), des douceries pop voire même du psychédélisme (I Know thé Law). Fait rare : aucune seconde de ce quatrième album n’est plombé par l’excès de zèle ou le surplus de production trop léchée pour sonner vrai. Aucun titre à jeter, cela va de soi. L’album pourrait être parfait s’il nous eut permis d’écouter autre chose sans être rongé par le remords de l’infidélité. Stack et Wasner ont dû passer des heures à épier leurs voisins du Maryland, Beach House, depuis le trou de la serrure pour leur emprunter pareil onirisme organique et autres rêveries endolories. Ils peuvent désormais leur faire coucou du haut des étoiles (« And I will see thé sun for anyone », clame Jenn Wasner sur Despicable Animal), dans un ciel astral aussi lumineux qu’indépassable. Quel parcours, qu’on disait. 

9/10

(City Slang/PIAS)


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